REPORTAGE. Pour eux, habiter au Building en 2025, c’est bien plus qu’une jolie vue
Yves, Jacques et Annick ou encore Margot résident tous dans le Building, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), depuis plusieurs années. À l’occasion des 70 ans de l’immeuble, Ouest-France est allé à leur rencontre avec une question : comment vit-on au Building en 2025 ?
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Le tic-tac de l’horloge résonne dans son appartement au style ancien qu’il qualifie de « vintage ». Yves est le plus ancien résident de l’immeuble. Avec son épouse Monique, aujourd’hui décédée, ils y sont arrivés en 1974. Lui replonge dans ses premiers souvenirs. « La première impression de mon épouse était catastrophique, elle m’a dit, jamais tu ne me feras habiter là », raconte-t-il le sourire aux lèvres. Le style d’urbanisme de l’époque ne plaisait pas. Pourtant, Yves y a finalement emménagé avec sa famille. Ils ont été séduits par l’espace de 130 m² mais aussi par le chauffage collectif qu’ils n’avaient pas dans leur ancien logement. Et bien sûr, la magnifique vue sur le port.
Aucuns murs porteurs
Contrairement aux nouveaux propriétaires, Yves n’a pas réalisé de grands travaux. Son logement est resté fidèle aux plans de départ : un salon séjour, trois chambres, une salle de bains et une cuisine. La particularité du Building ? Aucun mur n’est porteur, chaque pièce peut être réaménagée. C’est pour cela qu’aucun appartement ne se ressemble.
D’abord locataires, ils deviennent ensuite propriétaires. L’ancien ouvrier des Chantiers de l’Atlantique gravit les échelons pour devenir dessinateur. L’appartement est au pied de son travail. Un emplacement « pratique » et acheté à « bon prix ». Cinéma, restaurants, épicerie… Le nonagénaire peut tout faire à pied. « La proximité, c’est ce que j’apprécie le plus » , explique Yves.
L’immeuble a pris de la valeur au fil des décennies. Il confie : « Je serais incapable de racheter mon appartement aujourd’hui. » Le retraité compte rester dans son logement le plus longtemps possible. Pour y arriver, il sait qu’il peut compter sur ses voisins. « Si j’ai besoin de quelque chose, je peux frapper à n’importe quelle porte de mon palier, on me rendra service. »
Une ambiance de village
Une solidarité aussi observée par Margot, arrivée en 2009 au Building. Son appartement qu’elle a racheté 180 000 € était « pire que dans son jus », raconte-t-elle. Son compagnon, Gonzague, l’a entièrement rénové. Aujourd’hui moderne, l’appartement de 80 m² est lumineux et agréable. « La moyenne d’âge de l’immeuble est de 71 ans » , indique Gonzague. Sa population a évolué. « On est des bobos », plaisante-t-il. Margot ajoute : « C’est très agréable de vivre ici, une ambiance de village. »
Des nouveaux arrivants bien accueillis
Annick et Jacques sont là depuis quatre ans. Retraités de 75 et 78 ans, ils ont choisi de vendre leur maison pour habiter en appartement. « Il ne faut pas attendre d’avoir 90 ans pour déménager », prévient Jacques. Comme beaucoup, ils ont été « scotchés par la vue » et séduit par la convivialité des habitants de l’immeuble. « On sait qu’on peut compter les uns sur les autres. C’est rare d’avoir autant de liens sociaux dans un immeuble aujourd’hui », raconte Annick.
Aujourd’hui, ils ne regrettent pas leur décision d’habiter ici. Grâce à l’association des résidents, ils participent à toute sorte d’activités : randonnées, spectacles, repas, dégustation de vins, atelier peinture, yoga, jardinage… Il y en a pour tous les goûts et chacun peut choisir d’y participer. Ou non. C’est ce qu’aime Annick : « On est libre », affirme-t-elle.
Maryannick est arrivée pendant le Covid. « J’ai signé presque immédiatement en voyant la vue » , précise-t-elle. Venue de Paris, elle a été agréablement surprise par l’accueil bienveillant de Françoise, une de ses voisines qui assure : « On ne se prend pas la tête, c’est hyper décontractée comme ambiance au Building. »
Monique, la présidente et fondatrice de l’association des résidents du Building, raconte : « L’association est née il y a quinze ans, avec l’idée de réfléchir à comment mieux vieillir ici. » Aujourd’hui, ils ont un local au rez-de-chaussée dans lequel de nombreuses activités sont proposées. Seules conditions pour y entrer : être résident du Building et payer une cotisation de 15 € à l’année.
Même si l’immeuble a évolué avec l’âge de ses habitants, l’esprit convivial, lui, est resté. Pour fêter les 70 ans de l’immeuble incomparable, une Fête des voisins est organisée vendredi 23 mai.
Dans Ouest France journal papier